La côte Pacifique nord du Mexique: Sonora, Sinaloa et Nayarit...

Publié le par rolling-stoll.over-blog.com

Du 18 au 26 octobre 2010


La frontière mexicaine, voilà quelque chose d’étonnant ! Un douanier entre dans le véhicule, l’inspecte plus que superficiellement, et nous souhaite bonne route, sans même nous avoir demandé nos passeports ! Etrange… Mais on nous avait prévenu, tous les papiers se font de l’autre côté de la ville, au km 21. MEXICO !!! Nous voilà ! Nous traversons la petite ville de Nogalés, et c’est un vrai choc : les trous dans la route, les bus et voitures pourris, les petites boutiques crados, les gens partout qui marchent… On change de monde ! C’est très brutal, quand on vient du tout-aseptisé américain, un peu comme lorsqu’on arrive au Maroc, mais là, la frontière est terrestre ! Les filles sont hyper intriguées…

2 h pour faire les papiers, changer un peu d’argent, prendre une assurance… Retrouvailles avec la bonne bureaucratie du sud ! Allez, on prend la route, plein sud. Nous sommes dans l’état de Sonora, réputé pour son insécurité, ses crimes, ses pillages… On n’a pas très envie de trainer ! Pendant 2 jours, on ne fait pratiquement que rouler. Bien que nous soyons sur une autoroute (payante !), l’état du bitume est exécrable, il y a plein de trous, et surtout, nous découvrons les mythiques ‘’topès’’, ces dos d’ânes affreux, très mal signalés, qui ponctuent l’entrée de chaque petit bled… Il va falloir s’y faire ! La région ressemble beaucoup à sa cousine américaine, nous sommes toujours dans le désert de Sonora, avec des cactus saguaro, des épineux, des rocailles, et les montagnes dans le lointain. Mais ici, c’est très pauvre ! On voit sur le bord de la route de nombreuses maisons ou restos abandonnés ou incendiés… Pas très accueillant ! En fait, la zone parait un peu sinistrée…

Si nous avons vu quelques camping-cars américains passer la frontière avec nous, bientôt, on ne voit plus aucun étranger, ça fait drôle… Il parait que beaucoup de retraités américains ont annulé cette année leur migration automnale au Mexique ! En fait, on a entendu tellement d’histoires sordides qu’on n’est pas très rassuré, ces premiers jours… Et c’est vrai que les pick-up avec des militaires en armes et masqués dans la benne, les barrages de police, les regards sombres des gens lorsque nous traversons les villes ne sont pas pour nous relaxer ! On ne dit rien aux filles, j’essaye de faire école sur les routes accidentées, et ça se passe bien…

Nous passons Hermosillo, et rejoignons le bord de l’océan pour notre première halte. A San Carlos, station balnéaire connue, nous trouvons un camping sympa, ouf ! Sur 200 places, il n’y a que 5 canadiens, mais bon… L’océan est là, et si la plage est sale, il y a plein de coquillages, et l’eau est excellente ! Parfait pour lâcher la pression… Le lendemain, on roule ! On nous a bien recommandé de ne pas quitter les grands axes, de ne surtout pas rouler de nuit, de ne dormir que dans des endroits gardés… OK ! Nous traversons Guaymas, immense port de pêche où je ne peux m’empêcher d’acheter des grosses crevettes fraiches. Puis Ciudad Obregon, à la si mauvaise réputation. Et nous entrons dans l’état de Sinaloa, moins désertique, beaucoup plus agricole, mais toujours aussi pauvre…

Et nous voilà enfin à Los Mochis, où nous attend une super famille Servas  (cette association de voyageurs à laquelle nous avons adhéré) : Dan, américain de l’Oregon, sa femme Lore, et leur fille Sarah (7 ans). Ils ont une toute petite maison, et Manu est très inquiet de devoir rester garé dans la rue. Il faut dire qu’ils ne sont pas très rassurés à cette idée non plus, et qu’ici, toutes les maisons sont barricadées derrière des grilles, dès la nuit tombée ! Finalement, la maison des voisins est abandonnée, et nous rentrons tout juste derrière le portail ! Parfait… Nous passons la soirée chez les parents de Lore, au bout de la rue, car leur propre cuisine a été inondée et est actuellement inutilisable. Accueil très chaleureux, il y a là les sœurs, beaux-frères, cousins, cousines ! Les filles jouent un peu timidement, nous pratiquons avec bonheur notre espagnol qui revient au grand galop… Allez, tout va bien !

 

Mercredi 20 octobre : journée exceptionnelle ! Dan, prof d’anglais dans un institut pour adulte, nous consacre beaucoup de son temps. Et ce matin, il nous emmène à Topolobampo, petit village de pêcheurs adorable. Le premier chouette coin que nous voyons au Mexique ! Un petit bateau attend sur le port, et après négociation, Juan nous emmène dans son bateau pourri, où la radio crache de bonnes chansons mexicaines… Les pépettes sont ravies ! Mais lorsque nous arrivons dans une petite baie cachée, que Juan coupe son moteur et agite l’eau de sa main, c’est l’euphorie qui nous gagne : ‘’Pechocho’’ est là ! Ce n’était pas une légende ! Ce dauphin femelle vient se frotter au bateau, et se laisse gratouiller le ventre avec délice ! Elle est arrivée ici bébé, il y a 16 ans, avec sa maman, lors d’un terrible ouragan. Et elle n’est jamais repartie ! La maman a disparue, les pêcheurs ont suivi toute l’histoire… C’est hallucinant, quelle émotion ! Il y a peu de fond, et bientôt, nous sautons à l’eau ! On n’est pas hyper rassuré, c’est grand un dauphin ! Mais elle vient nous voir, toute douce, et passe même entre les jambes de Margot ! Inoubliable…

Dans l’après-midi, je fais école aux filles, pendant que Sarah se repose, et va à la chorale. Ici, les enfants ont classe 5 jours sur 7, de 7h30 à 14h ! L’après-midi est réservé aux activités sportives ou culturelles, du moins en ville… Puis Margot chausse ses rollers, Charlotte emprunte un vélo, et les cocottes se font entrainer par Sarah dans un tourbillon de gamins qui jouent dans la rue, au loup, à cache-cache, ou autres jeux (genre jeux du facteur) : c’est génial ! Sarah leur parle en anglais (elles comprennent mieux !), elles apprennent leurs premiers mots d’espagnol, c’est vraiment super… Nous passons la soirée chez les grands-parents, à papoter, échanger, et rigoler… Des gens charmants ! Les enfants sont surexcités et morts de rire, ça court partout ! Le papi nous fait gouter ses piments, sa viande séchée, ses bonbons à la gousse d’arbre caramélisée et pimentée… Mémorable ! C’est déjà un déchirement, de quitter cette super famille…

On repart plein sud ! Cette fois, c’est une vraie autoroute, au moins aussi chère qu’en France, mais excellente, on avance. Mais il n’y a absolument personne dessus, c’est étrange ! On fait une pause tacos-essence : on se régale depuis quelques jours de la gastronomie mexicaine ! Ca change de  nos pics-nics américains sans goûts … Ici, c’est pas cher, et savoureux ! Les deux charmantes femmes qui tiennent la gargotte nous demandent si on n’a pas senti le tremblement de terre, il y a 2 h ? Ben non ! Manu a bien senti un trou plus gros qu’un autre… 6 sur l’échelle de Richter ! Mais pas de dégâts… Par contre, elles nous disent aussi que la semaine dernière, sous leurs yeux, en pleine après-midi, 8 policiers se sont fait abattre ! Bon, c’est vraiment pas jo-jo… C’est aussi pour ça que personne n’ose prendre cette route ! Manu est hyper stressé, moi, je préfère faire l’autruche, pensant que cette guérilla ne concerne que les narco-trafiquants  entre eux, et les forces de l’ordre…


Allez, on file ! On passe Culiacan, où l’on double un cortège funéraire, dont les gamins nous menacent avec leurs pistolets fictifs, puis on arrive, tendus, à Mazatlan, grande cité balnéaire touristique… Beaucoup d’hôtels sont fermés, et on s’installe pour 2 jours dans le seul camping ouvert, sur les 3 de la ville ! Et nous y sommes absolument seuls ! Drôle d’impression… Mais l’océan est à 2 pas, la baie est très jolie, et il fait bien chaud… Nous venons de passer le Tropique du Cancer ! Comme nous sommes à la sortie du golfe de Californie, l’océan redevient sauvage, et on s’éclate dans les énormes rouleaux…

Le lendemain, détente et découverte de notre première belle ville mexicaine ! Après avoir fait école le matin, on saute dans un ‘’pneumonia’’, ces taxis ouverts sur châssis de coccinelle, pour rejoindre le centre de la vieille ville. Enfin ! Rues pavées, maisons coloniales hyper colorées, gens charmants… Que ça fait du bien ! On flâne, on hume, on se balade, on se baigne… On revient par la plage, où des ‘’clavadistas’’, les plongeurs de falaises, proposent leur show… On se sent bien, et ça fait du bien !

Toujours plein sud, toujours une autoroute déserte, nous entrons dans l’état de Nayarit ! Allez, on est censé avoir passé les coins malsains … La végétation se fait très touffue et dense : la forêt tropicale ! Manu écrase en jurant un bel iguane… Bonne frayeur sur la petite route qui descend vers l’océan : on est enserré dans la jungle, sans aucun bas-côté, et la jauge de gasoil descend au plus bas ! A part des nuages de gros papillons blancs et quelques petits hameaux d’indiens dans les plantations d’arbres étonnants, il n’y a rien… Les filles sont épatées ! Mais nous arrivons de justesse à San Blas, ancien port espagnol d’importance, aujourd’hui petit village de pêcheurs, qui accueille des touristes en mal d’authenticité… Parfait !

Nous nous installons pour 3 jours dans ce petit paradis tropical… Le camping sous les cocotiers (où nous sommes à nouveau les seuls clients), la plage avec les palapas (huttes de palmiers abritant de petits restos), l’eau à 30°C, les rouleaux pour jouer… On est trop bien ici ! Et j’adore le village : les rues en terre battue, les petites maisons très pauvres, les chiens qui dorment à l’ombre, les poules, les gamins qui jouent dans les rues, les gens adorables… Pour du contraste, voilà du contraste ! Mais c’est vraiment tranquille ici … Le week-end, il y a un peu de monde : des mexicains qui viennent respirer, les indiens Huicholes qui vendent leur artisanat (très joli, on se fait de petits cadeaux avec plaisir). Mais sinon, en semaine, c’est plus que cool ! Balades, poissons fumés, siestes avec les cris des perroquets, cocos vertes à boire, plage… « Muy buena onda ! », on se régale ! Seul inconvénient : les moustiques, et surtout les minuscules ‘’jejenes’’ (sorte de moucherons qui piquent), qui vous dévorent sans que vous les sentiez dés la nuit tombée ! Mais comme dit notre ami Juan Bananas, qui tient l’adorable boulangerie où on trouve cet excellent pain de bananes : « Dieu a envoyé les jejenes pour que les habitants de San Blas ne se croient pas déjà au paradis ! »…

Allez, il est temps de sortir de notre torpeur, pour reprendre la route. Après Tepic, nous quittons la façade pacifique, pour nous enfoncer vers l’Est dans l’intérieur des terres. Nous grimpons doucement dans les terres volcaniques de  la Sierra Madre Occidentale, vers d’autres horizons… Cette première semaine au Mexique a été très riche en émotions, un peu stressante, on a changé de monde ! C’est déroutant, il nous faut nous défaire de toutes nos habitudes et repères de voyageurs en Amérique du Nord, pour faire place à de nouveaux reflexes… Mais nous avons à priori quitté la zone d’insécurité du nord du pays, terre des cultivateurs et trafiquants de marijuana : on ne sent plus cette pression, on respire… Et voilà les vacances de la Toussaint (on a décidé de suivre les rythme français), ça va faire du bien !

 

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B
<br /> hola muchachos, veo que lo estan pasando mortal. El paraiso sin mosquito ya existe pero mucho mas al sur . BESOS FUERTES BRUNIX<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Bonjour Emmanuel et toute ta petite famille,<br /> Je viens d'avoir ton site par Bruno. J'ai visionné quelques photos. Génial! C'est super. Cela permets de voyager sans les aléas. Je pense que vous devez bien en profiter. Je vais vous suivre à<br /> l'heure du déjeuner. GROS BISOUS A TOUS<br /> Catherine<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Bonjour,<br /> Votre blog est très intéressant et passionnant. En effet nous avons pour progés de partir en 2013 avec camping car et nos 2 filles pour une traversée des Amériques. Nous serons donc très assidu à<br /> votre parcours.<br /> Bon voyage et profitez bien.<br /> Une famille Valentinoise<br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Bravo pour votre projet !<br /> <br /> <br /> Bons préparatifs, vous verrez c'est une expérience incroyable !<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Bonjour!<br /> Encore un bel épisode plein de rebondissements et d'émotions !<br /> Le mot "Mexique" me fait pensé à une petite histoire que vous connaissez peut-être... peut-être pas... en tout cas, la voilà :<br /> Dans un petit village côtier mexicain, un Américain avise un pêcheur en train de faire la sieste et lui demande :<br /> - Pourquoi ne restez-vous pas en mer plus longtemps ?<br /> Le Mexicain répond que sa pêche quotidienne lui suffit à subvenir aux besoins de sa famille.<br /> L'Américain demande alors :<br /> - Que faites-vous le reste du temps ?<br /> - Je fais la grasse matinée, je pêche un peu, je joue avec mes enfants, je fais la sieste avec ma femme, le soir je vais voir mes amis. Nous buvons du vin et jouons de la guitare. J'ai une vie bien<br /> remplie...<br /> L'Américain l'interrompt :<br /> - Suivez mon conseil : commencez par pêcher plus longtemps. Avec les bénéfices, vous achèterez un gros bateau, vous ouvrirez votre propre usine. Vous quitterez votre village pour Mexico, puis New<br /> York, d'où vous dirigerez toutes vos affaires.<br /> - Et après ? interroge le Mexicain.<br /> - Après, dit l'Américain, vous introduirez votre société en Bourse et vous gagnerez des millions !<br /> - Des millions !? Mais après ? réplique le pêcheur.<br /> - Après, vous pourrez prendre votre retraite, habiter un petit village côtier, faire la grasse matinée, jouer avec vos enfants, pêcher un peu, faire la sieste avec votre femme, passer vos soirées à<br /> boire et à jouer de la guitare avec vos amis...<br /> <br /> (Extrait de "Fragilité de la puissance. Se libérer de l'emprise technologique " de Alain Gras.)<br /> <br /> Bonne route vers le Sud !<br /> Je vous embr@sse<br /> <br /> <br />
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G
<br /> bonjour, toujours aussi génial de suivre vos aventures.<br /> Faites attention à vous. grosses bises on pensent à vous guillaume et les filles<br /> <br /> <br />
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