La Patagonie: le bout du monde entre Chili et Argentine !

Publié le par rolling-stoll.over-blog.com

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Du 3 au 23 mai 2011


Dés que nous passons la cordillère, le ciel devient gris et pluvieux… Zut alors ! C’est vrai qu’on s’y attendait… La végétation me fait l’effet d’une madeleine de Proust : cette jungle humide, aux arbres typiques, verts toute l’année, les rhubarbes géantes… Et les odeurs ! Un choc émotionnel : nous revoilà plongés 11 ans plus tôt !

La douane est un peu stressante : fouille approfondie du véhicule, comme on n’en a encore jamais eue ! Mais avant d’aller voir les douaniers, on se fait un bon repas, avec tous les restes de légumes, viande, fromage, fruits… On ne leur laissera rien ! La fouille est soignée, mais ils ne trouvent pas mes derniers trésors cachés… Impossible de réellement dépiauter un tel véhicule !

Nous arrivons à Osorno, au milieu des champs de vaches et des petites maisons en bois. C’est là que nous passons les 40000 km depuis le début de notre aventure ! Et voilà, le tour de la terre… Ca alors ! Bravo Elfi, notre fidèle serviteur… Nous nous rendons vite compte que, conformément à ce qu’on avait entendu, le Chili est devenu très cher, les prix sont à peu de choses près équivalents à la France ! Il va falloir qu’on fasse attention…

Et un peu plus loin, nous retrouvons avec émotion, à Purranque, le Fundo Entre Rios de nos amis Raymond et Marita, laissés là il y a 11 ans !!! Quel choc ! Ils ont peu changés, font connaissance avec les filles, et nous fêtons dignement nos retrouvailles ! Nous nous installons là pour 3 jours, traités comme des rois... Marita nous a préparé le ‘’Quincho’’, sorte de yourte en bois réservée aux invités, dans le jardin, et nous sommes obligés d’abandonner notre Elfi pour quelques jours… Pour la première fois depuis le début du voyage, les cocottes ne dorment pas dans la même pièce que nous ! Ca fait du bien, finalement, d’avoir de l’espace ! On y fait un bon feu, et cette petite maison perso est adorable. Parfait pour y faire école, et profiter de l’occasion pour que Margot fasse des évaluations…

Au campo, c’est l’automne ! Manu ramasse des tas de champignons (clavaires) avec notre ami Basque, et les filles et moi remplissons des sacs de châtaignes… Nous nous baladons dans les près, allons voir la traite des 300 vaches (avec salle de traite tournante !), humons la campagne… C’est aussi l’occasion d’une splendide partie de pêche à la truite. Dans le rio, sur les conseils de Raymond, Manu sort plus de 30 truites en 3 h ! Il en gardera 11, pour les manger, soyons raisonnables … La nature est si généreuse, ici ! Nous faisons aussi des repas pantagruéliques de spécialités locales : saumon fumé, congrio, locos, sans oublier l’inévitable et mémorable Pisco Sour, qui met tout le monde en joie ! Bref, on se fait vraiment bichonner… Comme à l’époque où nous venions ici passer un week-end, de temps en temps ! Par contre, malgré nos fouilles approfondies dans l’ancienne maison de Raymond, que nous connaissions alors, nous ne retrouvons pas la malle laissée ici, avec des fringues, livres, Cd, etc… Manu est déçu, il ne retrouve qu’un vieux ‘’waders’’ de pêche à lui, mais la malle a disparu… C’était il y a longtemps, et la maison a été vidée, reprise par le fils de Raymond, puis abandonnée… Tant pis ! Au final, ce sont des vacances à la ferme, avec moultes discussions et débats. Le moment le plus marquant étant lorsque Raymond et Manu se rendent compte qu’ils avaient un excellent ami français en commun, très cher à tous les deux, mais décédé il y a 2 ans… Le monde est donc si petit ?

Bon, finalement, nous arrivons avec peine à quitter nos hôtes, pour repartir sur les grands chemins… Mais nous avons encore beaucoup à re-découvrir, dans la région ! Tout d’abord, nous nous rendons à Puerto Varas, et au bord du lac Llanquihue. Incroyable, voilà le volcan Osorno, qui nous toise de son sommet enneigé, quelle sensation ! Nous replongeons avec émotion et excitation dans nos souvenirs, que nous essayons de partager avec nos pépettes… Puis nous retrouvons le fameux Yankee Way Lodge, où nous avons travaillé comme gérant du restaurant et gouvernante ! C’est la saison morte, il n’y a personne. Mais rien n’a changé, la visite du resto est stupéfiante, on dirait que le temps s’est arrêté, ici ! L’apothéose arrive lorsque nous retrouvons Paul K., le directeur, ébahi de nous voir là ! Grandes discussions, confidences… Le propriétaire, Michaël D., veut tout vendre, et fiche une paix royale à notre homme, qui s’en trouve bien soulagé ! Et avec la crise économique américaine, les choses vont ici au ralenti… Il nous dit qu’il y a encore régulièrement des clients qui demandent ce qu’est devenu le couple français qui tenait l’affaire ! Ca fait plaisir, et c’est excellent d’être là !

Puis, après Ensenada, nous grimpons au Lago Todos Los Santos. Nous avions oublié sa splendeur, dans son écrin de montagnes, de forêts vierges, et de volcans… Le camping sur la plage est fermé et désert. Mais il fait délicieusement doux, on fait un grand feu, et nous nous laissons envahir par une douce nostalgie… Le lendemain, visite obligatoire aux fameux Saltos de Petrohué, ces petites cascades bleu turquoise entre des rochers volcaniques noirs, sur fond de forêt vierge… Trop beau !

Puis nous repartons, toujours plus au sud, et voilà que nous arrivons sous des torrents de pluie à Puerto Montt ! Là encore, c’est le choc émotionnel… La ville a beaucoup grandi, on est perdu… Dire que nous avons gravité autour de ce point pendant près de 2 ans ! Nous filons au port des pêcheurs, à Angelmo : le marché aux poissons, les restos sur pilotis, les bateaux multicolores, les moules séchées, les boutiques d’artisanat… Là, rien n’a changé ! Ces odeurs, ces couleurs… Génial ! C’est vrai que les Chiliens sont bien moins avenants et accueillants que leurs voisins Argentins, mais ils ont leur charme… Nous nous faisons un super ‘’curanto’’, le ragout de la mer, pour fêter ça ! Et nous profitons du marché pour nous équiper en gros pulls, bonnets, écharpes, chaussettes en laine de Chiloé : il commence à faire vraiment frais ! Puis nous partons au centre-ville, qui n’a pas beaucoup changé non plus. On retrouve des rues, des restos, des magasins… C’est si drôle ! Puis nous menons l’enquête pour savoir ce qu’est devenu Alain B., qui était notre patron, sur l’ile de Manzano où nous avons vécu et travaillé. On découvre qu’il a tout vendu, et est reparti courir le monde… L’ile ? Il n’y a plus rien, apparemment… Quel dommage ! On se réjouissait d’y aller, mais la piste semble très mauvaise, et en cul de sac à cette saison, car le bateau à prendre pour continuer vers le sud est arrêté pour l’hiver… Et zut ! Bivouac dans un petit quartier tranquille.

Bon, après bien des hésitations, nous quittons cette ville empreinte de (trop de) souvenirs, pour descendre sur l’ile de Chiloé ! Nous prenons le bac de Pargua à Chacao, sous un soleil radieux, c’est magnifique ! Au loin, les sommets enneigés de la Patagonie, la vraie, qui nous tend les bras… Autour du bateau, quelques phoques qui s’ébattent… Nous pique-niquons sur une plage, en compagnie d’un adorable papy qui ramasse des algues, qui serviront d’engrais dans les champs. Puis nous passons Ancud, et traversons prairies et bocages pour rejoindre le petit village de Dalcahue. La belle église en bois, typique de l’île, est fermée, mais le port est charmant, avec ses bateaux de pêche si colorés ! Là aussi, les souvenirs affluent, nous avions beaucoup aimé cette île, il y a 12 ans… Nous arrivons finalement à Castro, dont la cathédrale de bois, autrefois orange et violette, s’est bien décolorée. Et nous nous posons dans un super coin, juste au-dessus des palafitos (maisons sur pilotis) des pêcheurs, au milieu des mouettes et des cygnes à cou noir…

Je suis ravie d’être là ! De retrouver ces marins, leurs histoires et leurs légendes, ces Chilotes à grande barbe et bonnet de laine… Si typiques ! On parvient à organiser la suite de notre périple, parfait ! Et après un petit tour à la jolie feria artisanal, nous partons vers Chonchi. Ah, enfin une superbe église en bois, construite comme un bateau ! Il fait gris, venteux et froid, tout un poème… Puis nous filons sur Quellon, au sud de l’île : c’est là que nous trouvons le navire Don Baldo, où nous embarquons pour une aventure maritime ! C’est un petit ferry, avec 5 camions en plus de nous, et aucun touriste à bord, que des locaux ! Un garage, un salon-cantine, quelques couchettes, c’est tout. Nous voilà partis pour un voyage de 24 h, à travers les fjords et canaux de Patagonie…

Bon, le départ est vite repoussé de 18h à 23h, puis au lendemain matin ! La mer est trop mauvaise, démontée ! Voilà qui promet… Du coup, Manu négocie une cabine avec le capitaine : on voulait faire simple, mais le voyage va être bien plus long que prévu ! Et c’est une bonne chose, on y dort bien, on a un peu de calme : dans le salon, les lumières sont allumées très tard, et des films débiles passent en permanence à l’écran… Le départ dans la brume ensoleillée du petit matin est très beau, avec des dauphins qui nous saluent ! Mais nous entrons très vite dans le golfe de Corcovado, encore bien agité : allongés, sans bouger, c’est la seule solution pour ne pas être malades ! Moi qui voulais faire école avec les filles, tant pis… Notre bateau fait halte sur la petite île perdue de Melinka. Nous n’accostons pas au quai, mais l’annexe est descendue par un treuil, pour décharger et embarquer quelques passagers. Que des hommes, ou presque… Mais que font-ils ici ? C’est fou, tellement isolé ! Ce sont en fait des ouvriers des salmonières, ces élevages qu’on voit disséminés le long des côtes abruptes. Une vie hors normes, aux confins du monde ! Incroyable et magique…

Le voyage se poursuit dans les fjords et canaux entrelacés. Plus de vagues, mais des montagnes embrumées, couvertes de cette forêt impénétrable, des criques, des rochers… C’est austère et beau, dans cet air frais et vivifiant, si sauvage… Nous faisons école entre deux bols d’air. On discute avec le capitaine, adorable, et flatté d’avoir des étrangers à bord. Les passagers sont plus distants, avec leurs regards durs, fatigués, ces solides gaillards sont peu bavards… Nouvelle halte à Raul Marin Balmaceda. Mêmes mouvements. Puis, durant la nuit, le bateau s’arrêtera à 6 autres hameaux de pêcheurs ! A chaque fois, j’entends la chaine de l’ancre, les cris des hommes, le ronron des moteurs…

Au matin, nous finissons par arriver à Puerto Chacabuco, destination finale ! Un port industriel et pétrolier, pas beau, dans la brume et le vent froid… Et voilà que, après les camions, Elfi sort tout pimpant du ventre du bateau ! Et c’est reparti… Nous passons Puerto Aysen, perdue dans le brouillard et une humidité permanente. Les forêts dégoulinent, ça sent la Patagonie, la vraie ! Mais dès le premier sursaut montagneux passé, le soleil perce, la zone devient beaucoup plus sèche et herbeuse : c’est superbe, avec les montagnes enneigées derrière… C’est là que nous trouvons la ville de Coyhaique, que nous voulions connaitre depuis longtemps ! Rien d’extraordinaire, mais quelle situation ! Petit repas chez les pompiers (une excellente habitude chilienne), renseignements, courses… Et en route pour l’aventure ! Et oui, voilà que nous avons rejoint la mythique caretera austral, cette piste qui va de Puerto Montt à l’extrême sud chilien… On en a évité un bon bout avec le bateau, mais il en reste ! Pour l’instant, elle est goudronnée sur une portion… Nous traversons de magnifiques prairies, parsemées de quelques maisons de bois, et nous arrêtons pour bivouaquer à Rio Blanco, petit bled aux rues de terre, au bord d’une belle rivière…

La nuit a été glaciale ! Et au réveil, il fait bien gris… Le bitume se termine à Villa Cerro Castillo : c’est parti pour 330 km de piste ! Mais avant, nous allons nous balader à un chouette petit site archéologique, la Cueva de las Manos. Sous une corniche basaltique, nos ancêtres ont déposés, il y a 10000 ans, les traces de leurs mains, en négatifs ou positifs, comme une fresque murale, très émouvante… Et tout cela dans un cadre merveilleux ! On se sent vraiment au cœur du cœur… Finalement, la piste est plutôt bonne, bien nivelée, pas trop de trous ni de tôle ondulée. Bonne nouvelle ! Nous passons des petits cols, des lacs turquoise ou émeraude, des ponts de bois, entre de grandes montagnes rocailleuses… Même dans la grisaille, c’est splendide ! Puis nous arrivons au bord du légendaire lago General Carrera. Il se met à pleuvoir, mais on est si heureux d’être là ! Des cascades dévalent entre des buissons d’églantines, nous croisons quelques vaches ou moutons… Et nous nous arrêtons à Puerto Rio Tranquilo, dans un terrain au bord de l’eau, invités par un charmant monsieur. Le cimetière du village est incroyable : chaque tombe est une petite maison de bois, avec porte et fenêtres, rideaux même, ça fait comme un adorable village miniature ! Tout est si tranquille…

Et le lendemain, le temps est splendide, un soleil radieux se lève sur le lac ! Un paysage de carte postale s’offre alors à nous…Nous longeons le lac, doucement, car la piste est moins bonne. Et à Puerto Guadal, c’est le coup de foudre ! Un endroit exceptionnellement beau… Les montagnes coiffées de neige se mirent dans le lac aux eaux d’un bleu profond, tout est serein, grandiose… C’est l’extase ! Manu part à la pêche, sans trop y croire, et sort très vite une énorme truite ! Il y en aura 7 ainsi, on n’en gardera qu’une ! Je me balade sur les berges avec les filles, on ramasse du bois mort… Il fait délicieusement bon ! Grand feu, grillades, châtaignes… Un vrai moment de bonheur, tout le monde est d’excellente humeur ! Les filles jouent, Manu pêche, je pars à pied dans le village aux maisons d’alerce, et sur la piste…Quel petit paradis ! Je croise de fiers huasos (les cow-boys locaux), superbes. Puis nous poursuivons un peu plus loin, la piste se fraye un difficile chemin entre la falaise et le lac. Ca devient acrobatique, heureusement qu’on ne croise personne ! Nous faisons là un bivouac mémorable, sur une espèce de corniche, surplombant le lac… au bout du monde !

Lorsque nous repartons, les yeux plein d’un lever de soleil majestueux sur les sommets enneigés, la piste redevient sage, et retrouve les berges du lac. Quelques fermes isolées, coupées de tout… Des chevaux sauvages qui paissent tranquillement… C’est splendide ! Nous traversons des barres rocheuses et des canyons encaissés, longeons des petits lacs magnifiques, passons devant de grandes mines d’or, et arrivons finalement à Chile Chico, petite ville perdue loin de tout…Et là, le goudron ! Pas croyable ! Elfi a assuré comme un chef, Manu aussi, bravo ! Après une petite balade en ville, nous nous dirigeons vers la frontière…

Et oui, nous quittons déjà le Chili, à peine deux semaines après notre arrivée ! Mais la caretera austral descend à peine plus bas, et finit en cul de sac dans les glaciers infranchissables… On s’est régalé, de toutes façons, c’était la partie la plus chouette du pays ! Celle qu’on portait dans nos cœurs, et qu’on voulait approfondir… Il nous faut donc repasser en Argentine, pour continuer vers le sud...

La douane de Puente Jeinimeni est vite passée, les Argentins se contentent de jeter un regard à l’intérieur de la roulotte, sans plus… C’est la première fois que nous ré-entrons dans un pays, de tout notre voyage ! Nous continuons à longer le lac, qui s’appelle maintenant Buenos Aires. Mais il n’y a plus les montagnes, elles sont toutes restées au Chili, c’est beaucoup moins beau … Revoilà la pampa !  Nous arrivons dans la petite ville de Perito Moreno, qui vit tranquillement au bord de son étang… Rien de bien excitant… Mais nous pouvons y faire du linge, des courses, internet… La base, quoi ! Et nous retrouvons avec grand plaisir l’art de vivre à l’Argentine : lorsque nous allons récupérer notre linge, à 22h (car le lendemain, dimanche, ce sera fermé), un jeune homme nous dit que ce n’est pas du tout le moment, qu’ils sont en plein asado ! Mais en insistant, on parvient à nos fins…

On hésite grandement, mais la nuit porte conseil… Allez, soyons fous, on continue plein Sud sur la légendaire Ruta 40, en grande partie non asphaltée ! Trop pas envie de faire le détour par la grande route du littoral atlantique… On embarque une auto-stoppeuse avec nous, et en route !  D’abord un peu de goudron, pour se mettre en jambe. Nous sommes dans la véritable pampa, non plus buissonneuse et épineuse comme dans le nord, mais caillouteuse, avec quelques herbes sèches de ci, de là… Très beau, avec ces mesetas, aux pieds des Andes ! Puis vient la piste… Elle est défoncée, pleine de cailloux, affreuse… Manu regrette terriblement, voudrait faire demi-tour, mais on ne peut pas larguer notre stoppeuse au milieu de rien ! Alors on continue… Et nous voilà à Bajo Caracoles : une station service, et 31 habitants, autour d’un bar-épicerie… Un vrai ‘’Bagdad Café’’, insolite et délirant ! Notre stoppeuse part sur une autre piste avec un camion. Nous rencontrons là Robert, un compagnon charpentier allemand, en voyage depuis 4 ans, échoué ici depuis une semaine… Puis nous repartons ! C’est rageant, les travaux battent leur plein, la route est en construction, mais pas encore en fonction ! Pour nous, la piste pourrie…Mais on y prend goût, il y a là un vrai parfum d’aventure ! Un tatou nous coupe la route, trop mignon ! Puis nous observons quelques beaux guanacos (des grands lamas sauvages), et des nandus (petites autruches) ! Géniale, finalement, cette route… Nous bivouaquons en pleine pampa, comme suspendus dans le vide, c’est magique…

Et, reposés, nous continuons sous un soleil radieux ! Petit bruit et grand stress au démarrage : ce n’est qu’un gravier coincé dans un disque de frein, vite identifié et extirpé par Manu… Ouf ! Il faut dire qu’il n’y a quasiment personne sur cette route, et qu’on n’a pas envie d’être en rade… Cette fois, ce sont des dizaines de troupeaux de guanacos qui nous regardent passer, et nous faisons la course avec de nombreux nandus ! C’est excellent… Et fabuleux d’être là, sur cette piste du bout du monde, envoutés par le paysage et l’immensité ! Mais voilà qu’après plus de 300 km de piste très mauvaise, nous retrouvons la route à Tres Lagos ! On n’est pas fâchés… Mais fiers d’avoir vaincu la 40 ! Nous bifurquons alors vers les montagnes, et longeons le beau Lago Viedma. C’est là que les Andes nous réservent leur grand show : un coucher de soleil mémorable sur les pics déchiquetés du massif du Mont Fitzroy ! Grandiose… Nous arrivons à El Chalten, dans le vent froid, au pied des géants de granit. A cette saison, la petite ville est désertée… Nous nous installons sur la plage de galet de la rivière…

La nuit a été terrible, secoués en tous sens par un vent furieux et agressif ! On a cru qu’on allait se renverser ! Après un petit tour au centre d’info du parc national, nous partons pour une belle marche en montagne, malgré la grisaille et les nuages… Ca fait du bien, il y a un moment qu’on n’a pas bien marché ! Nous grimpons au mirador du lago Torre, et bien que les sommets et glaciers jouent à cache-cache avec les nuages, la vue reste splendide ! Il fait très doux, on se régale…Mais lorsque nous revenons au village, un vent furibond nous accueille, extrêmement furieux, qui fait tomber les cocottes et nous jette du sable piquant à la figure ! Affreux ! Allez, on se sauve… On repart dans la plaine, pour rejoindre la ville touristique d’El Calafate, au bord du superbe lago Argentino, aux eaux turquoise. On s’y pose pour deux jours ! Il y a de beaux magasins, quelques touristes égarés, des restos : on retrouve la civilisation ! Et on y traine agréablement …

La douce brise du nord laisse la place à un bon vent glacé du sud : il se met à faire vraiment froid ! Mais peu importe, c’est de là que nous partons, excités, rencontrer la star du sud argentin : le Glacier Perito Moreno ! A peine apercevons-nous cette gigantesque masse de glace bleue, qui descend de la montagne pour venir se briser en petits icebergs dans le lac, que nous tombons en extase… C’est fabuleux ! Nous faisons une super balade, de 2h, sur les passerelles, face à ce géant, témoin de l’âge de glace…Plus de 60m de haut, des crevasses d’un bleu incroyable, et puis les craquements, les grondements, les pans de glace qui s’effondrent dans un grand fracas, créant une vague qui se répercute au loin… C’est si impressionnant ! Nous rentrons, gelés, en ville, où nous rencontrons dans la rue une famille franco-brésilienne, en voyage pour 2 ans avec un camion 4*4. Très sympa ! La ‘’parilla libre’’ (grillades à volonté) que nous partageons est excellente, et nous passons une super soirée ensemble, plongés dans la folie et la tradition viandarde argentine…

Allez, on lève le camp. Nos amis partent vers le nord, et nous vers le sud… Toujours plus bas, vers le bout du continent ! La route est bien goudronnée, mais le vent souffle si fort, que Manu a du mal à tenir le cap ! A Esperanza, hameau de 3 maisons, Manu fait intervertir les pneus : les gens parlent de l’arrivée de la neige, soyons bien chaussés… Et nous repartons en direction des Andes, qui se dressent telle une barrière infranchissable ! Soudain la route se fait piste, et ses abords blanchissent, sous une fine pellicule de neige ! C’est trop beau… C’est là que nous survolent 4 gros oiseaux majestueux : des condors, des vrais ! Splendide… Et voilà la frontière : et oui, après 5 jours en Argentine, nous repartons au Chili, pour découvrir son extrême sud ! Depuis le temps que j’en rêvais…

Le poste de douane du rio Don Guillermo est irréel, perdu au milieu de l’immensité patagonienne, seul au monde… Les douaniers argentins dorment à moitié, le chien les réveille. Les papiers sont une formalité. Mais c’est là que nous croisons un couple français, vivant à Ushuaïa, et en vadrouille par ici ! Trop drôle… Côté chilien, c’est un peu plus sérieux, mais rien à voir avec ce qu’on a déjà connu ! Nous continuons sur une bonne piste. Dans le soleil couchant se découpent les pics acérés des fameuses Torres del Paine ! C’est mythique… Nous passons devant de beaux petits lacs, et bivouaquons à l’entrée du parc…

Malgré une merveilleuse lumière rose au lever du soleil, les nuages arrivent vite, et cachent les sommets… Zut alors ! Pourtant, le panorama est splendide, lorsque nous traversons une partie du parc, sur une bien mauvaise piste caillouteuse. Il y a plein de guanacos, et cette fois, on les voit de tout près, ils ne sont vraiment pas farouches, dans la réserve ! Et ces immenses pics de granit, qui semblent nous toiser, habillés de leurs glaciers bleus… Grandiose ! Nous faisons une très belle marche, aux alentours du lago Nordenskjöld, dans un vent glacial aux bourrasques violentes… Les pépettes partent très démotivées, mais finalement, elles se prennent au jeu de ce vent joueur, et se laissent, comme nous, envoutées par ce paysage si majestueux… Nous sommes seuls, alors que l’endroit doit être hyper bondé en été, et c’est très appréciable… Nous ressortons, épuisés, du parc, et continuons sur une affreuse piste qui fait pester Manu. Assez du tape-cul qui déglingue tout ! Mais nous finissons par retrouver la route, et Puerto Natalès, au bord du fameux fjord d’Ultima Esperanza. C’est trop joli, mais le froid vif nous jette dans un café, qui fait aussi vente d’articles de gauchos… Ambiance bien typique ! Nous nous installons sur le port, près des bateaux militaires…

Au réveil, le sol est une vraie patinoire ! L’horreur ! Mais le soleil radieux fait vite fondre ça, et le fjord, aux eaux cristallines, bordé de ses sommets enneigés, est somptueux… J’adore cet endroit ! Mais nous repartons… Au sortir de la ville, surprise : il n’a pas plu, ici, mais neigé ! Pas beaucoup, mais tout est blanc, même la route, et c’est bien glissant…Vaches et chevaux grattent le sol, et fument dans la plaine… Bon, c’est à peu près plat, il n’y a personne… On continue, bien tranquillement ! Nous croisons quelques gauchos, avec d’immenses troupeaux de moutons à grosse laine… C’est splendide ! Et puis peu à peu, la route s’assèche, et on retrouve l’océan. Grande émotion : c’est le détroit de Magellan ! Et en face, la Terre de Feu ! Il fait très froid, mais grand beau, et c’est magique… Allez, on descend encore un peu vers le sud, et voilà Punta Arenas, la ville la plus australe du continent américain, si on exclue l’ile de Terre de Feu ! Le bout du bout du Chili, après, Plouf ! Des îlots et des canaux, et puis le Cap Horn… Nous sommes fiers et heureux, nous voilà arrivés au point le plus austral de notre fabuleux périple… On s’installe là pour 2 jours, sur le parking du mirador de la ville, sur la colline qui domine. Vue imprenable sur le détroit et la Terre de Feu !

La ville n’est pas merveilleuse, mais il y a les grosses maisons des riches propriétaires d’estancias à moutons, des descendants d’anglais et de croates. Aussi le cimetière, avec ses tombeaux imposants, et la statue d’Indiecito, en l’honneur du génocide des Fueginos… Et puis la zone franche, où Manu se renseigne pour la vente de la roulotte, sans vrai succès… Il fait affreusement froid, et nous nous réchauffons à la patinoire, c’est trop sympa ! Et le lendemain, coup de théâtre : la ville est couverte d’une dizaine de cm de neige fraiche ! C’est absolument magnifique ! Mais les routes sont impraticables, on est bloqués… Balades dans les rues désertes, glissades, boules de neige et même un petit bonhomme de neige ! On n’est pas super équipés, en jeans et gants de laine, mais bon... Et la plage enneigée, c’est magique ! Vraiment trop drôle… Et puis nous nous réfugions au ciné : le patron nous invite à une 2° séance, après la 1ère ! Retour sous d’énormes flocons qui virevoltent à la tombée de la nuit… Et pour finir en beauté cette journée incroyable, panne de gaz ! Le dernier remplissage a été mal fait, avec des fonds de bouteilles, pleines d’eau… Manu part en expédition un dimanche soir… Et il reviendra vainqueur ! Heureusement, car la température chute très vite, dans notre petite maison…

Mais au réveil, bonne nouvelle : une grosse partie de la neige a fondu, et les routes sont toutes belles ! Nous sommes donc libérés… Et à partir de ce jour, grande nouveauté, on repart vers le nord ! Mince alors, ça fait drôle… et c’est un peu inquiétant ! Cela signifie qu’on est sur le retour… Il va falloir qu’on commence sérieusement à s’organiser, car pour l’instant, on est dans le flou total ! Pas de panique… Nous longeons le détroit, à travers des collines ondulantes, couvertes de moutons et de guanacos. C’est décidé, nous n’irons pas en Terre de Feu, il fait trop froid, et il y a trop de neige là-bas. On en a eu assez ! Voilà donc que nous arrivons à nouveau à la frontière, dans un vent polaire…

Et cette fois, on quitte le Chili pour de bon ! On vient d’y repasser 4 journées à peine, mais oh combien marquantes ! On ne connaissait pas cette XII° région de Magallanes, ce vrai bout du monde, et bien ça valait franchement le coup… C’est totalement magique ! Et ces Chiliens, timides, bourrus et pas très drôles, ils sont vraiment gentils et serviables… On les aime quand même ! Bref, cette aventure australe dans la Patagonie profonde, à travers fjords, caretera austral, ruta 40 et glaciers nous a totalement subjugués, fascinés, envoutés… A terre de légendes, souvenirs mémorables ! Et maintenant, en route pour le nord…

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M
<br /> Bonjour !<br /> Je viens de re-regarder vos photos de Pantagonie, et je crois que cet épisode est mon préféré ! (Pourtant, le choix est difficile...) Quels paysages ! Quelles couleurs ! Et puis cette neige tout à<br /> coup...<br /> Je pense que votre retour approche, ainsi que le plaisir de vous revoir...<br /> Alors bon courage pour l'organisation et les formalités et bon voyage !<br /> Je vous embrasse,<br /> Marie-Ange<br /> <br /> <br />
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