Bolivia : le coeur de la Pachamama...

Publié le par rolling-stoll.over-blog.com

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Du 30 mars au 14 avril 2011


Petite douane tranquille, au bord du Lac Titicaca… Tout en douceur ! Pas de files de camions, pas d’attente, pas d’embrouilles… Juste le flic qui veut 30 bolivianos (3 euros), pour nous avoir inscrits sur son registre ! Pas de facture ? Pas de sous alors ! C’est tout…

Nous voilà donc à Copacabana, petit port paisible au bord de ce fabuleux lac… Nous étions là il y a 12 ans ! Souvenirs… Ca a changé, c’est devenu bien plus touristique, bien plus grand ! Mais toujours cette ambiance routarde, un peu déconnectée, jeune et très cool… Nous allons voir la magnifique cathédrale, et nous installons dans la cour d’un bel hôtel, sur la plage…

Et le lendemain, c’est parti pour l’île du Soleil ! Après un petit raté d’horaire (on a oublié de changer d’heure en entrant en Bolivie, ce qui nous a fait louper le bateau !), qui nous permet de faire école tranquilles, le matin, nous partons en début d’après-midi sur un vieux rafiot grinçant aux allures de radeau de la méduse… Voyage sur le toit, avec plein de jeunes mochileros ! Rigolo… Le panorama est carrément fantastique, il fait un temps splendide, le lac est immense, parsemé de quelques îles, avec des sommets enneigés en toile de fond … Sur cette île mythique, où seraient apparus le 1er inca et son épouse, fondateurs du peuple inca, il n’y a pas de voitures,  pas de commodités, pas de modernité… Tout fonctionne à peu près comme il y a 500 ans ! Nous trouvons une petite auberge rustique au village de Yumani, un peu envahit par le tourisme… Et nous partons pour une fabuleuse balade vers la pointe sud de l’île, en compagnie d’Elodie, petite étudiante Toulousaine, et de Simon, jeune avocat Hollandais, tous deux voyageurs solitaires, et très sympas. Le paysage est carrément méditerranéen, de par ses cultures en terrasses, ses odeurs, ses lumières ! Mais on est à 4000 m d’altitude ! Les grimpettes se ressentent… Il y a une sacrée énergie ici, ou peut-être une énergie sacrée ? Soirée super sympa, dans un petit resto, puis à contempler les étoiles…

Ah, la bonne rusticité d’une auberge de l’altiplano ! Etrange musique du vent qui souffle à travers les huisseries, de la grêle qui résonne sur le toit, mêlée à cette odeur de drap qui ne sentent pas franchement la lessive… Ca fait du bien, de quitter le luxe de notre roulotte ! Certes, on se réveille un peu gelés… Et le ‘’soroche’’ (mal de l’altitude) atteint Manu, mal de crâne et insomnie… Il fait gris, froid, et pluvieux au réveil, pas très motivant… Après un petit tour dans la sérénité délicieuse du village, nous reprenons donc le bateau, pour retourner sur la terre ferme…

Et de là, en route ! On embarque Simon, qui part dans la même direction que nous. Nous longeons le lac, magnifique, avant d’arriver au détroit qui sépare le grand lac du petit. Et là, c’est l’aventure ! Il faut mettre le camping-car sur une vieille barge en bois grinçante, toute petite, pour traverser ! Plutôt inquiétant … Le petit moteur a du mal à faire avancer notre équipage, et les vagues nous secouent bien, faisant tanguer et osciller dangereusement notre maison roulante (flottante ?) … Mais ce sont des rires nerveux qui nous secouent le plus ! On arrive cependant entiers de l’autre côté… Puis c’est sous un ciel plombé, à travers pluie et grêle, que nous traversons de vastes étendues herbeuses, peuplées de petits villages misérables… El Alto est le summum : un bidonville géant, dans un vent glacial, à 4000m, dans les klaxons des bus empêtrés les uns dans les autres. Et soudain, tel un effondrement de terrain, apparait la ville folle et incroyable de La Paz ! Dans un trafic légendaire, fumant et klaxonnant, nous déposons Simon, puis embarquons un militaire charmant qui tourne un moment avec nous pour nous trouver un chouette parking, dans la cour herbeuse d’une gentille mamie… Parfait ! On s’installe là pour 3 jours…

Cette capitale est vraiment particulière ! Avec un centre-ville à 3700m d’altitude, des rues hyper raides à l’assaut des parois de la cuvette, c’est un défi architectural… Mais surtout, elle est grouillante, bouillonnante, débordante de vie : des étals partout, des marchands ambulants, des musiciens. C’est le royaume des cholitas, ces indiennes traditionnelles Aymaras, avec leur beau chapeau melon, leurs deux tresses, et leurs 7 jupons… Quasiment pas de voitures privées, mais uniquement des bus et des taxis… Une ambiance si particulière… Nous nous baladons autour de la Plaza Murillo, le cœur administratif. Nous assistons à un fabuleux défilé qui clôture les festivités du Carnaval : l’artère principale est déviée, dédiée aux danseurs ! C’est un savoureux mélange d’indiens virevoltants, de troupes hispano-mexicaines, de rythmes afro-boliviens, et d’indiens à plumes d’Amazonie qui se succèdent devant nos mines envoutées ! Toutes les facettes de cette Bolivie multiculturelle… Mémorable ! Le quartier San Francisco, ce gigantesque marché à ciel ouvert, nous ensorcelle lui aussi… Et pour cause ! C’est le domaine des sorcières, vendeuses de racines et herbes médicinales, et de fœtus de lamas (la meilleure des offrandes à faire à la Pachamama, la terre-mère), des chamans et ensorceleurs qui proposent leurs services … Le petit Musée de la Coca est aussi fascinant, sur l’histoire de cette petite feuille, et son enracinement culturel si fort…

Enfin, nous descendons vers les quartiers chics de la ville, pour y retrouver une nouvelle famille de voyageurs Français, rencontrée la veille : des Pyrénéens charmants, avec une petite de 7 ans, qui vont vers le nord... C’est l’occasion d’une chouette balade à la Valle de la Luna, un ensemble de cheminées de fées impressionnantes, dans un paysage qui fait très ‘’américain’’ ! Mais ici, aucune précaution de sécurité, on circule sur les crêtes, et ça plait beaucoup aux cocottes… Excellente soirée apéro, barbecue et guitare, avec aussi un jeune couple de Lillois adorables, à bord d’un vieux Mercedes…

Nous finissons par quitter cette ville délirante, pour remonter sur l’altiplano. Et nous passons les 35000 kms de voyage ! Les étendues herbeuses, semi-désertiques, s’étendent à l’infini, entre des versants cultivés… Puis nous bifurquons vers l’Est, et descendons doucement à travers des montagnes vertes et rouges, buissons et falaises, vie et désert… Et c’est ainsi que nous arrivons dans la vallée fertile de Cochabamba ! A 2000 m, il fait délicieusement bon… Par contre, la circulation est hyper dense, et c’est avec bien du mal que nous trouvons un parking ! Partout, des marchés, aux légumes, aux fruits, à tout… Les gens sont très joviaux, agréables. Et sur la place, en soirée, on se régale à admirer les conteurs, cracheurs de feu, et mimes en tous genres ! Y’a pas à dire, ils vivent, ces Boliviens !

Notre route continue ensuite, descendant à pic les versants de la cordillère orientale, pour nous enfoncer dans une végétation de plus en plus dense, de plus en plus humide, de plus en plus étouffante… La brume cache le soleil, et voilà de belles averses tropicales ! C’est l’Amazonie qui nous engloutit à nouveau, nous revoilà en bordure d’une immensité chlorophyllienne, chaude et humide… Une autre Bolivie ! A Villa Tunari, la chaleur moite nous tombe dessus, écrasante… Un choc ! Nous allons explorer le Parc Machia, un refuge pour des singes, perroquets, coatis, etc, récupérés en captivité, et rendus à la jungle. Sur les sentiers glissants et boueux, pas grand monde… Puis soudain, un ours ! Un vrai à lunettes, des Andes ! Mais tenu en laisse… Nous observerons surtout les singes, des Capucins excités qui sautent de branches en branches… Très chouette ! Et le bivouac au milieu de cette vie foisonnante est extra…

 Nous continuons ensuite notre traversée de l’enfer vert. Nous sommes dans la région du Chapare, le cœur de la zone de culture de la coca, tristement célèbre pour ses affrontements entre militaires et paysans… Car si la culture de la feuille est légale, sa transformation, et le trafic de coca-base (première étape de la fabrication de la cocaïne) ne l’est pas ! Le contrôle en pleine jungle est loin d’être évident … Nous passons deux barrages militaires. Coup d’œil rapide, on passe. D’autres se font intégralement fouillés ! Puis un barrage sauvage, avec des civils cagoulés, qui arrêtent les véhicules en roulant une grosse pierre ! Moment d’inquiétude, en voyant les tronches patibulaires qui nous demandent une ‘’contribution’’… Nous comprendrons plus tard, en voyant les infos : hier, un jeune de 14 ans, qui partait à la pêche, a été tué par les militaires ! Une bavure de la guerre anti-coca… Zone un peu tendue !

Nous finissons par arriver à Santa Cruz, la plus grande ville bolivienne ! Et c’est là que nous retrouvons Steph et Vio, nos anciens voisins de Saoû, qui sont en train de démarrer une nouvelle vie ici ! C’est drôle de les voir là … Nous nous installons dans un chantier, en face de leur petite maison, pour une petite semaine… Une vraie pause ! Qui sera surtout dédiée à la fête et au bon temps passé entre amis ! Il fait une terrible chaleur, et nos journées sont très peu violentes… On discute, on échange, on refait le monde… Les filles jouent avec Ilan (3 ans), se font une petite cure télé… On boit aussi beaucoup l’apéro, on fait des parrilladas (grillades) terribles, avec les différents amis de Steph et Vio, on danse au bord des piscines dans les quartiers chics… Il y a beaucoup d’argent dans cette ville en plein boom économique, et les cambas, ces métis libéraux et résolument consommateurs, aiment la grande vie ! C’est pour ça que le projet de Steph, d’importer des produits français de luxe, a toutes les chances de marcher ! Mais son conteneur est bloqué en douane depuis plus d’un an ! Pas si simple… Vio, elle, compte ouvrir un resto de cuisine française : la demande est grande… Allez, au boulot !

Leur petite maison est agréable, avec une mignonne cour intérieure protégée des regards. Parfait pour la sieste ! Nous profitons aussi de ces vacances pour requinquer les cocottes : elles se trainent toutes deux une cochonnerie digestive qui fait qu’elles se vident depuis 2 semaines, en alternance… La pharmacienne me convint de leur faire faire une cure d’antibios ! Et je craque, devant la fièvre violente de Charlotte… Très vite, elles se remettent sur pieds ! Sinon, nous allons tout de même faire une visite du Zoo de la ville, entre filles, bien riche en animaux amazoniens. Nous nous offrons également une super après-midi tous ensemble au parc écologique de Güembe : un immense espace magnifiquement aménagé, avec des piscines genre Las Vegas, des toboggans, des tortues, une fabuleuse serre-mirador  à oiseaux, et une très belle serre aux papillons. On se régale ! Mais le summum de ce monde artificiel est atteint lorsque nous passons le dimanche au milieu d’une famille de la haute, au bord d’une lagune, dans la pampa… Jet-skis, buggys, bateaux rapides, motos et skis nautiques, sur une marre aux canards, au milieu des fumées de parrilladas et de la cacophonie musicale, crée par toutes ces voitures aux sonos surdimensionnées… Du délire ! J’ai un peu du mal à trouver ma place là-dedans, même si les gens sont charmants…

Et puis vient le moment de reprendre la route… Ca nous manque, nous sommes devenus de vrais vagabonds, incapables de rester en place ! L’appel de l’aventure… Nous quittons donc nos amis, en leur laissant une valise pleine de bazar : ils rentrent en France la semaine prochaine, pour un mois de vacances… Parfait, ça fait de la place ! La traversée de cette énorme métropole est épique, mais nous retrouvons la jungle immense, en descendant plein sud. Canne-à-sucre, bananes, mais surtout, la forêt immense et impénétrable… Il y a de nombreux contrôles militaires sur cette route, apparemment dus à la proximité de Paraguay, source d’intenses trafics… Nous nous arrêtons au petit bled d’Itipati, pour un bivouac à côté de notre plus belle place centrale : toute en friche, et livrée en pâture aux cochons !

Nous sommes là à un croisement de routes, et le choix est douloureux : vers l’Ouest, nous remontons vers l’altiplano, les villes historiques et le légendaire salar d’Uyuni, et vers le Sud, c’est la frontière avec un autre monde, l’Argentine… Je crève d’envie de remonter voir les merveilles de la montagne, mais Manu a très mal au dos depuis une semaine, et aucune envie de faire des kms de pistes, il veut poursuivre vers le Sud… Je cède, avec grands regrets, qu’il me faudra quelques jours à digérer ! Pas toujours simple, le choix de l’itinéraire … Nous arrivons donc en début d’après-midi à Yacuiba, la ville frontière. Pas le courage d’aller plus loin, on meurt de chaud ! On se trouve donc un beau balneario, désert en semaine, avec grande piscine et plein de jeux pour enfants… Nickel ! Pour se remettre les idées en place, et se préparer à changer de monde…

Le lendemain, on profite encore des marchés boliviens, avant de nous engager dans le véritable ‘’souk’’ qui borde la frontière ! Vu la différence de niveau de vie entre les deux pays, les Argentins aiment venir faire leurs courses ici ! Dans un capharnaüm indescriptible, nous faisons les papiers de sortie de la Bolivie. On passe le pont… Et là, surprise : le douanier argentin ne veut nous laisser passer sans une assurance auto spécifique ! Ben ça alors… Et évidemment, il n’y a aucun bureau d’assurance sur place ! C’est ainsi que commence une bonne galère, qui va nous faire tourner en rond pendant un moment… Première étape : nous croyons trouver notre bonheur dans un petit bureau bolivien. On fait tous les papiers, et quelques heures plus tard, au moment de payer, tout est refusé ! Deuxième étape : à grand renfort d’Internet, on cherche des tas de contacts en Argentine, mais il est trop tard … Nous voilà coincés pour une nouvelle nuit dans la moiteur de Yacuiba ! Un parking bruyant nous accueille…

Troisième étape : On se lève tôt, et nous passons la frontière à pieds, pour nous installer dans un central téléphonique argentin ! En vain : on nous refuse systématiquement de nous assurer ! Soit parce qu’on est étrangers, soit parce qu’ils veulent absolument voir le véhicule au préalable ! « Mais puisqu’on est coincés à la frontière ! » « Ah ? Désolée… » Le serpent qui se mord la queue… Quatrième étape : en désespoir de cause, nous allons voir un petit bureau d’assurance argentin. Et là, miracle : 2 jeunes filles adorables, qui prennent les choses en main, convainquent leur patron, et bidouillent les fichiers informatiques pendant plus de 2 h pour que ça passe ! Victoire, on ressort avec le fameux papier ! Ouf…

C’est donc ainsi que s’achèvent nos deux semaines en Bolivie. Avec, en ce qui me concerne, un fort sentiment d’inachevé ! Je rêvais tant de l’altiplano… Tant pis ! C’est vrai qu’on connaissait déjà… Mais ce pays reste fabuleux ! Avec ses traditions si fortes, son culte légendaire à la Pachamama, ses indiennes charmantes, ses marchés immenses et colorés… Et puis à côté, des espaces vierges à perte de vue, où tout est permis ! Nous allons quitter l’Amérique du Sud andine, indienne et typique, pour entrer dans le cône sud, beaucoup plus développé et moins traditionnel… Avec un peu d’appréhension, mais aussi l’envie de découvrir autre chose ! Allez, zou…

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